Pizançon : I LOVE BÉTON

Alors que dans le bassin nord de l’agglomération, la croissance démographique marque le pas, l’artificialisation des terres progresse à une vitesse fulgurante en périphérie. D’autant plus que les aménagements et plans de mobilités sont conçus n’importe comment : embouteillages, laideur, absence d’aménagements pour les mobilités douces et de végétalisation.

En France, des études montrent qu’à se rythme, 18% du territoire sera artificialisé, une situation qui met en péril la souveraineté alimentaire du pays, mais aussi sa capacité à s’adapter aux changements climatiques.

A l’origine du problème :

Selon Alice Colsaet (Iddri), les collectivités sont en partie responsables. « Il y a une tendance à consommer de l’espace pour essayer de créer un dynamisme », décrypte Alice Colsaet, « certaines collectivités vont construire des zones d’activité même s’il n’y a pas de demande et qu’elles sont en concurrence avec la zone d’activité de la collectivité voisine.

A l’heure où le modèle des hypermarchés est en déclin, c’est par exemple le cas de la zone commerciale à Saint Paul, échec commercial assez pathétique, ou encore le parc Mossant, heureusement reconverti en habitation.

Villa Verde repoussé un peu plus loin du centre. De son ancien emplacement demeure une friche et un parking de béton, vide.

Clairement, le maire de Chatuzange le Goubet (qui regroupe Pizançon), est fière d’annoncer en couloir ses objectifs de devenir à terme plus gros que Bourg de Péage, même si une partie de ses propres habitants voient d’un mauvais œil l’augmentation du trafic et l’arrivée des HLM à l’horizontal. Car à ce jeu de « qui a la plus grosse ? », cette offre crée une demande :

Non pas que le prix de l’immobilier rend l’accès à la propriété inaccessible en centre ville, nous ne sommes pas à Paris, les centres de Romans et Bourg de Péage ont plutôt tendance à se vider de leurs commerces et habitants.

Mais le bétonnage massif fait chuter les prix en périphérie et coté consommateur, il y a ce désir « american way of life » : un petit terrain pour l’animal de compagnie et les enfants (sauf qu’aux USA, on végétalise et on n’autorise pas les murs en parpaing de 2,5m de haut !).

Aussi parce que les centres villes manquent d’espaces verts et de jeux pour enfants, sont pollués par excès de voitures, et ne procurent plus la vitalité culturelle et commerciale qui leur donnait autrefois quelques avantages.

Et le serpent se mord la queue.

Les centres historiques se voient interdire la construction de terrasses sur les toits ou balcons par les architectes du patrimoine de France. Résultat certains bâtiments tombent en ruine faute d’occupants.

Manque d’aménagements et mobilités douces.

Ce qui choque également, c’est l’absence de réflexion sur les mobilités et le cadre de vie. Ces constructions nouvelles ne s’accompagnent pas de pistes cyclables, d’arbres et d’espaces verts. Alors qu’on pourrait facilement le faire, ce qui donnerait au moins l’envie aux travailleurs soucieux de leur santé et de leur portefeuille de se rendre au travail à vélo.

Quand le prix de l’essence atteindra des sommets, tout sera déjà construit, il sera trop tard pour y penser. Quant aux transports en commun, ils sont encore trop rares.

En effet, la construction de ces zones augmente considérablement le trafic auto. C’est le cas sur le pont des Allobroges construit en 1993, et déjà chaque jour embouteillé (des commerçants font pression pour ouvrir le barrage au trafic, les promeneurs et habitants apprécieront). On paye donc des études de circulation pour tenter de rattraper le coup… seulement 25 ans après, ça en dit long sur la vision de long terme de tels ouvrages !

C’est aussi le cas des boulevards Pompidou et général de Gaulle à Bourg de Péage, qui sont les voies directes où se déverse le trafic provenant des zones périurbaines… mais aussi des péageois se rendant aux zones d’activité.

Initialement, ces routes n’ont pas été conçues pour accueillir un tel trafic. Quand on interroge des retraités 40 ans en arrière, ces rues, qui traversent des quartiers d’habitation, étaient calmes.

Par ailleurs, cet axe ne comporte aucun aménagement cyclable, et pour le coup, il y a encore de la place pour le faire, et de dévier le trafic automobile vers la route nationale.

Risque sur l’environnement et l’agriculture.

Depuis l’antiquité, les villages agricoles devenus bourg puis villes se sont construits sur les terres les plus fertiles. En détruisant leur environnement proche, on réduit notre capacité d’autosuffisance alimentaire.

Pizançon (26) destruction des terres agricoles

Le bétonnage fait s’écouler l’eau bien trop vite, quand la végétation ou l’agriculture la retienne.

Quand elle n’est pas intensive, l’agriculture participe à la biodiversité.

En 2015, l’artificialisation de sols représentait 9,4 % du territoire en France contre 8,3 % en 2006. « La France a perdu un quart de sa surface agricole sur les 50 dernières années »

L’artificialisation des terres progresse plus vite que la croissance démographique et économique.

C’est à dire que même s’il n’y a pas de besoin, ou bien que l’on pourrait faire autrement, les sols sont quand même bétonnés.

A retrouver ici, dossier de l’IDDR sur l’artificialisation des sols en France et le retard des politiques

4 pensées sur “Pizançon : I LOVE BÉTON

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