Du nouveau dans la gestion de l’eau

La régie des eaux de Valence Romans Agglo reprend le réseau Veolia sur Bourg de Péage.

La gestion privée de l’eau par les multinationales de l’environnement a fait coulé beaucoup d’encre : scandales de corruption, opacité sur l’entretien des réseaux entraînant fuites et gaspillage, surdosage des traitements chimique de l’eau, abus de monopole et surfacturation aux usagers.

C’est ainsi que de nombreuses collectivités, Grenoble en premier (suite aux affaires Carignon/lyonnaise des eaux), puis Paris, Rennes, Montpellier, Bordeaux, bientôt Lyon et bien d’autres, ont repris en main de la gestion de l’eau.

Ce basculement est sensible sur le plan technique et humain : il faut reformer des équipes aux spécificités locales du réseau, mais aussi recruter du personnel qualifié qui accepte de s’engager dans les conditions de rémunération du service public, fortement dégradées : après quasi 20 ans de gel du point d’indice, les grilles des techniciens de catégorie B sont au niveau du Smic, et l’avancement par échelon censé récompenser l’expérience et l’engagement compense rarement l’inflation.

Ancien découpage de la gestion du réseaux d’eau

En ce début d’année, une partie des résidents de Bourg de Péage ont reçu note d’un transfert de contrat de l’ancien prestataire Veolia vers la régie publique Eau de Valence Romans Agglo, qui s’occupera désormais de la facturation et de l’entretien du réseau.

Car, comme pour l’énergie ou le train, pour comprendre qui fait quoi, il faut distinguer le réseaux de distribution (canalisation, facturation), des sources d’eau et station de pompage.

Selon leurs chiffres, la régie publique facture le m² moins cher que la moyenne nationale (2,06€/m3 contre 1,61€/m3 localement, en 2014). Voir la grille de tarif actuelle

Techniquement, cela fait suite au raccordement d’une partie de la ville² en 2018 aux sources du syndicat intercommunal des Eaux de Rochefort Samson (SIERS), qui avec 3 stations de pompage (dont une aux Bayanins), alimente une partie du réseau l’est de l’agglo dont Bourg de Péage.

Avant, la ville dépendait d’autres stations (Romans…)

Réseaux de stations de la SIERS

C’est une évolution importante, car depuis 5 ans, chacun a pu constater que l’eau est plus pure et moins dure, ce qui n’est pas le cas à Romans, où l’on constate un goût excessivement chloré (l’eau étant pompée beaucoup plus en profondeur, elle reste plus longtemps dans les canalisations, ce qui nécessite davantage de traitements). De plus, beaucoup d’habitants investissent dans des adoucisseurs pour préserver leur matériel électro-ménagé, chaudières, ce qui entraîne un autre surcoût lié à l’eau.

Ainsi, le site de la ville de Bourg de Péage vante une eau « sans pesticide et de très bonne qualité puisée à 300 mètres de profondeur. Le taux de nitrates est extrêmement faible : 4mg/l (contre 24mg/l auparavant) alors que la limite est fixée à 50 mg/l par l’Agence Régionale de Santé.
Le syndicat n’utilise aucun traitement (notamment de chlore), proposant ainsi aux usagers une eau 100% naturelle dont le goût n’est modifié par aucun additif »

L’eau y est moyennement dure (calcaire).

Avec moins de superlatifs, le rapport détaillé de l’ARS de la station de pompage des Bayannins peut être consulté sur le site de la SIERS, elle décrit une eau globalement de bonne qualité.

A Romans, il va falloir patienter encore pour la gestion du réseau, toujours détenu par Veolia.

Quant aux sources, la station des Bayannins (SIERS) n’a pas le débit pour être en mesure d’approvisionner tout le bassin de vie Romans/Bourg de Péage

Un niveau des nappes très bas :

L’autre sujet d’actualité lié à l’eau, c’est le niveau des nappes.

A la suite de la sécheresse historique de 2022, les nappes n’ont pas encore fait le plein, malgré un automne pluvieux. Les communiqués de la BRGM indique l’état général des nappes en France chaque mois.

Sur le long terme, le constat est alarmant, les nappes s’épuisent, des tensions vont apparaître de manière fréquente sur cette ressource. Les ZAD lors du projet « Centerpark » sur les réserves d’eau en zone humide à Roybon au nord-est de Romans, ou les méga-bassines d’eau dans les Deux Sèvres, ne sont que la partie émergée de l’Iceberg, des symboles d’une réalité.

Au niveau local, de nombreux investissements seront nécessaires pour optimiser notre réseau d’eau, comme savent si bien le faire des pays plus arides : l’Espagne, le Texas, et Israel, (qui recycle 90% de ses eaux contre 20% en France, clairement à la traîne). Ici un comparatif.

Cela passe aussi par des actions locales, collectives et individuelles :

> Faire respecter les arrêtés d’alerte sécheresse (pelouses, lavage des voitures, piscines),

> Créer des grilles de tarifs progressives de consommation d’eau (gratuité pour les besoins élémentaires, et au delà d’un certains seuil de consommation en tenant compte du nombre de personne par foyer, une tarification progressive bien plus onéreuse)

> Stopper l’expansion urbaine sur les espaces naturels,

> Le remplacement des parkings imperméables en bitume par des plaques alvéolées pour éviter le ruissellement rapide des eaux de pluie vers l’Isère, au détriment de l’alimentation des nappes,

> La plantation d’arbres et arbustes sur chaque parcelle vierge pour retenir l’eau, limiter l’évaporation et contribuer au cycle de l’eau.

> Une agriculture moins consommatrice d’eau (maïs…).

> L’interdiction dans les PLU des murs-forteresses en parpaing qui bordent toujours plus de maisons individuelles au détriment des haies.

² Une partie de la ville : le site de la ville de Bourg de Péage ne fait pas mention de découpage, tandis que le site du SIERS dit ne desservir qu’une partie de la ville.

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