Législatives : les pieds sur terre ou sur Jupiter ?
Après une présidentielle aussi morne que prévisible, un 3e tour un peu différent s’annonce, avec une union de la gauche : un concept que l’on a plus vraiment vu se produire depuis la gauche plurielle de Jospin en 1997. Le point au niveau local.
Tous les 5 ans, l’élection présidentielle, la seule qui mobilise avec une participation au dessus de 70%, est l’occasion de rebattre les cartes politiques et d’analyser la sociologie électorale.
Les résultats à Romans-Bourg de Péage et ses alentours sont assez similaires que dans le reste du pays. Macron est gagnant dans les quartiers et villages dominés par les cadres et retraités aisés (ici sur tous les coteaux au nord de Romans, de Saint Bardoux à Châtillon St Jean), le Pen dans les nouveaux quartiers résidentiels périurbains (Les Ors, Bourg de Péage et Chatuzange), Mélenchon dans les villes centres (à Romans, Valence).
Mais les législatives sont bien différentes.
L’élection présidentielle se joue davantage sur les postures des candidats, une espèce d’alchimie mystique entre un personnage et le plus petit dénominateur commun du corps électoral.
Les législatives sont au contraire le fruit des ententes sur les programmes et les jeux politiques entre les partis nationaux, auxquelles se greffent dans le poids des personnalités locales (mais la circonscription étant beaucoup plus grande que la commune, cela limite un peu l’effet notoriété du maire sortant lors des élections municipales).
Bref, de la politique beaucoup plus subtile, sauf que l’abstention y est de 52% (2017), avec la possibilité de provoquer des triangulaires si un candidat dépasse 12.5% des inscrits (donc 25% avec une abstention à 50%).
Un régime à bout de souffle.
Ce chiffre illustre à quel point notre régime, la 5e république, inspiré de la restauration royaliste du XIXe siècle, est à bout de souffle : la médiatisation très « star système » de la présidentielle éclipse les programmes et les débats de fond des parlementaires, qui eux seront élus par une part bien plus réduite des citoyens.
Chez tous nos voisins européens au contraire, les régimes sont parlementaires : tout part des élections législatives qui sont proportionnelles à 1 tour. les parlementaires élisent leur chef exécutif au terme de débats, d’alliances et de compromis de programme entre les différents partis, en fonction des résultats aux législatives.
En France, à chaque élection, l’abstention profite le plus souvent au candidat sortant et les législatives au président, d’autant que notre président « Jupiter » est champion dans les catégories sociologiques qui votent le plus : les retraités, et surtout ceux qui ont de l’argent.
L’union de la gauche fera t-elle mentir l’histoire ?
Le pari parait donc difficile pour NUPES, mais qu’elle gagne où qu’elle perde, cet union aura permis plusieurs choses :
- Redonner espoir aux 84% des sympathisants de gauche, consternés par les duels RN/LREM à répétition, qui quelque soit leur vote souhaitent voir se terminer les divisions. En effet, comment affirmer vouloir mener des grandes batailles collectives sur le climat ou les conquêtes sociales si leurs représentants sont incapables de les mener ensemble, malgré quelques divergences bien normales et même tout à fait saines ?
- Avec cette union, les derniers opportunistes politiques ont fini de rejoindre Macron et son union « Renaissance », un mouvement où se côtoie d’anciens éléphants du PS, les proches de Darmanin qui assument parfaitement « trouver l’extrême droite un peu molle », la startup nation et les milieux d’affaires… Plus personne ne peut en douter, à la lecture tant du bilan que du programme : Macron n’est pas le président d’un centre « ni gauche ni droite », mais d’une droite bien plus décomplexée que ne l’était celle de Sarkozy (dont est issue une bonne partie du gouvernement actuel).
- …et le PS de tourner la page des années Hollande/Valls, qui le rendait infréquentable pour avoir confondu la sociale démocratie et le libéralisme économique.
La gauche semble donc sur les bons rails : si ça ne passe pas cette fois, elle semble désormais en ordre de bataille pour les prochaines échéances électorales.
Les candidats dans notre circonscription :
Au niveau local pour le moment, nous avons donc le maire de Saint Vallier, numéro 2 du PS national qui a négocié cet union au niveau national, Pierre JOUVET, qui sera investi dans la circonscription de Romans/Nord Drôme pour l’alliance (LFI-PS-EELV-PC) NUPES.
Il aura en face lui une candidate RN, Véronique STIN, et peut être un autre candidat du parti de Zemmour qui semble en investir dans toutes les circonscriptions.
Olivier GAFA pour la majorité présidentielle, un ancien du Modem dont le nom (pour le moins cocasse !) et la fonction de chef d’entreprise a dû séduire la team « startup nation » en charge des investitures pour le président.
Moins « corporate », la vieille droite LR ré-investi Emmanuelle Anthoine (députée sortante) avec en suppléant le Maire de Chatuzange Christian Gauthier : nous avons là les amoureux du bitume et de l’étalement urbain, ceux qui ont artificialisé un paquet de terres agricoles sur leur commune pour y construire de magnifiques centres commerciaux, Hlm à l’horizontale, rond point…
B.P.