4e pont sur l’Isère : pourquoi peut-on être sceptique ?

Les ingénieurs sur le projet d’un 4e pont ont été recrutés, on parle d’un budget initial à 50 millions d’euros, financé en partie par le département, responsable du projet.
L’argumentaire est simple comme bonjour : trop de ralentissements aux heures de pointe, donc il faut construire davantage d’infrastructures routières en périphérie pour bouter la voiture hors des centres-villes. Les habitants pourront alors vivre en paix, en sécurité, avec un air sain, sans bruit, sur des voiries cleans et animées.

Mais ce raisonnement bisounours cache tout de même quelques loups.

D’une part, un pont au niveau des Ors dans la continuité du périphérique nord de Romans ne détournerait pas une part très importante du trafic : il serait sans doute pratique pour les habitants du quartier des Ors (très certainement cela encouragerait son extension).

Mais les principaux flux d’automobilistes continuerons de traverser les 2 ponts centraux, bien plus directs.

A la clé, toujours plus d’étalement urbain

Le principal problème de ce genre d’infrastructures, c’est qu’elles contribuent à l’étalement urbain.

Les environnementalistes s’alarment de voir disparaître chaque année en France 2 fois la surface de Paris.

Et ce chiffre ne tient même pas compte des propriétés privées existantes, où nombres de haies, arbres et jardins sont peu à peu remplacés par des murs en parpaings et terrasses en béton armée.

Tout le monde connaît bien le cycle infernal : les meilleures terres arables sont bitumisées, la faune et la flore disparaissent, l’eau s’écoule directement dans les rivières au lieu d’alimenter les nappes souterraines, contribuant ainsi aux sécheresses l’été.

Les berges de l’Isère au niveau de L’hôpital, un poumon vert.

Avec ce pont, il s’agit de détruire une partie des berges naturelles de l’Isère entre la passerelle et le pont du train Valence-Grenoble.

Pire, ce genre de route amène systématiquement dans son sillage de nouveaux marchands de rond point, de nouveau lotissements, et toujours plus de désertification des centres ville… pour finalement toujours plus de voitures et de circulation : l’inverse du but initial.

Les nouvelles infrastructures routières ne diluent pas le trafic : à long terme, elles le génèrent.

La meilleure illustration, c’est la construction du 3e pont des Allobroges (Pizançon) initialement construit « pour désengorger la ville ».
30 ans plus tard, le pont ne suffit plus à contenir la circulation qu’il a lui même généré :
Zones commerciales et lotissements hideux alimentés par les classes moyennes des centres villes désertés. Il faut donc ré-injecter 5 millions d’euros pour élargir les ronds points de Pizançon.

En Chiffre : A Bourg de Péage, 87,4 des habitants on une voiture, et 32% ont au moins 2 voitures. (Source Insee). C’est plus que la moyenne nationale. Chaque voiture coûte entre 4000€ et 6000€ /an en moyenne, et ce coût augmente 2 fois plus vite que l’inflation. Plus la ville est étalée, plus le nombre de voiture par habitant augmente, surtout en périphérie. Un indicateur qui mesure notre étalement urbain, c’est la surface (m2) dédiée à la grande distribution (source Scot de l’agglo) : 1685 m² de commerces alimentaires pour 1000 habitant·es, contre 965 m² nationalement (hors Ile de France). Et 1333 m² de commerces non alimentaires pour 1000 habitant·es contre 657 m² nationalement (hors Ile de France).

Et la sécurité routière ?

Même dans l’hypothèse où le nouveau pont n’entraînait pas d’augmentation du trafic, en déportant comme espéré la pollution en périphérie, cela n’entraînerait aucune amélioration des conditions de vie et de sécurité pour les riverains du centre :

Puisque personne ne respecte les zones 30 (aucun contrôle), les voitures rouleront simplement plus vite dans le centre, et cette vitesse retrouvée nous incitera encore moins à privilégier la marche et le vélo.

Le sens des priorités budgétaires : quand pense t-on développement durable ?

50 millions, auxquels s’ajoutent les 5 millions pour l’élargissement du rond point de Pizançon, ainsi que l’entretien de ces nouvelles routes en coûts de fonctionnement.

A 50 millions (budget initial), la facture s’annonce salée, d’autant que dans ce projet, personne ne semble avoir songé réserver 2 ou 3 millions pour élargir le Pont Neuf, d’augmenter la cadence des bus intercités et lignes de trains TER Valence-Romans, ou de rendre plus rapide et direct l’axe Romans-Tain (4 voies, voies vertes, transports en commun).

En effet, il serait urgent de doter le Pont Neuf de trottoirs plus confortables, ou encore d’une piste cyclable qui permettrait d’éviter aux cyclistes de se faire systématiquement doubler à 50 cm de distance (quand le code de la route en exige 1.5m.), contraints à l’illégalité sur un trottoir où même 2 piétons peinent à se croiser.

Les contribuables qui font des efforts pour l’environnement ou souhaitent réduire leur facture mobilité s’indignent que leur impôts servent à ceux qui n’en font pas, et doivent se contenter d’infrastructures dangereuses et inconfortables.

La solution pour réduire la circulation, ce n’est pas de construire toujours plus d’infrastructures routières.

La solution, c’est de réduire le nombres de voitures en privilégiant les transports alternatifs.

Un objectif à -30% de voitures est tout à fait atteignable, nos voisins européens l’on fait, cela éviterait les ralentissements sur les ponts aux heures de pointe.

Améliorer l’existant plutôt que de s’étendre, c’est simplement du développement durable, et à long terme c’est beaucoup plus économique pour le contribuable, tout le monde y gagne.

Baptiste P.

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