Voyageurs du soir

À l’heure où j’écris, l’épidémie Covid 19 confine plus de trois milliards d’habitants chez eux, c’est-à-dire près de la moitié de la population mondiale. Avec le sentiment que nous pouvons tous être atteints. 

L’histoire fourmille d’événements dramatiques : guerres, épidémies, génocides, mouvements climatiques, explosions atomiques. Souvenons-nous des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945. Le monde avait basculé. On ne parlait plus de mort individuelle, mais on entrevoyait une mort globale de l’humanité. Sera-ce le cas cette fois ? 

Écoutons Fatho Amoy, poète de Côte-d’Ivoire :

Voyageurs du soir qui suivez la rumeur

Des vagues et l’étoile bleue des baies,

Gardez-vous de trop songer à vos songes

Et d’héberger pour longtemps les chagrins

Qui saccagèrent votre vie passée.

Il est au bout de la nuit une terre tout ensemble

Proche et lointaine que le jour naissant

Exalte d’hirondelles et de senteurs de goyave.

Un pays à portée de cœur et de sourire

Où le désir de vivre et le bonheur d’aimer

Brûlent du même vert ardent que les filaos.

Craignez de le traverser à votre insu :

Les saisons sur vos talons brouillent le paysage ;

Mais chaque pas est la chance d’un rêve. (1)

Il est au bout de la nuit une terre tout ensemble. Est-ce à dire alors qu’il reste un peu d’espoir et que nous verrons le bout du tunnel ? Si les poètes le disent, alors nous pouvons le croire. 

(1) Fatho Amoy, Avis, tiré de Chaque aurore est une chance, Ceda, 1980. 

André Cohen Aknin (AAKC)

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