La société sécuritaire de l’absurde
De nombreux scénarios de science fiction ont mis en scène des personnages du passé se retrouvant plongés dans notre actualité. Sans remonter très loin dans le temps, nul doute qu’un individu décédé il y a 30 ans se retrouvant plongé dans notre actualité tant fantasque que dégénérée perdrait les pédales devant l’absurdité de certaines situations :
Entre le traitement de la crise du Covid, les mesures anti-terroristes, la société de surveillance et de contrôle social qui se met en place de diverses manières selon les pays, il y a de quoi perdre les pédales.
L’obsession sécuritaire de nos dirigeants focalisés sur un vote sénior caricaturé, la société du spectacle nourrie par des médias en quête de sensation, provoque la mise en place de mesures tant surréalistes qu’absurdes, souvent contradictoires et liberticides.
Leur aptitude à surréagir à des situations exceptionnelles quitte à ne pas traiter les problèmes de fond, montre que nos dirigeants sont à la remorque de bulles médiatiques qui ne hiérarchisent pas l’information : ils s’excitent quelque temps sur un sujet pour l’oublier totalement quelques semaines plus tard.
Les politiques et les éditorialistes de droite (et même parfois « de gauche ») ne font que gesticuler autour d’un problème sécuritaire, avec pour seule conséquence de jeter de l’huile sur le feu.
Ce qui choque, ce n’est pas tant l’improvisation de nos dirigeants face à une situation de crise. Qui prétendrait faire tout parfaitement dans un tel contexte ?
Ce qui choque c’est la course à la réaction immédiate, au paraître, l’absence de vision et de cohérence à long terme, ainsi que leur faculté à mentir et à dissimuler la poussière sous le tapis.
Illustrons notre propos.
Le plan « Vigipirate alerte maximale » se déploie un peu partout, et notamment dans nos écoles, sur fond de Covid-19.
Après nous avoir expliqué que le masque ne servait à rien (parce qu’à l’époque ils n’avaient pas les stocks), et que de toute façon les enfants n’étaient pas vecteurs de la maladie, les élèves de primaires sont désormais obligés de porter des masques en classe. De quoi motiver les enfants d’aller à l’école.
Les masques sont également obligatoires pour les parents devant les écoles et désormais en ville, alors même qu’il est établi scientifiquement que la transmission du virus en extérieur est très rare voire nulle.
Avec Vigipirate « alerte maximum », la rue devant l’école de nos enfants a été purement condamnée, plus aucun véhicule ne passe. Je m’attendais à voir une pagaille de voitures dans les rues adjacentes et des parents en colère.
Au contraire, les gens se sont adaptés, la rue est calme, les gens beaucoup plus détendus.
- D’une part la probabilité qu’un enfant se fasse renversé par une voiture devant son école est beaucoup plus importante que celle d’un attentat advienne. Il a fallu qu’un prof se fasse descendre par un fanatique religieux pour que cette mesure de bon sens soit prise. Elle devrait être prise de manière permanente devant les 4 écoles de notre ville depuis longtemps. Mais pas pour cette raison !
- D’autre part, bloquer une route devant une école ou dépenser des millions dans les caméras de surveillance n’empêcheraient pas un fanatique de passer à l’acte, malheureusement.
- Enfin, les décideurs qui ont mis ça en place pour montrer qu’ils sont des supers-héros vont finalement dans le sens des fanatiques, ravis que leurs actes aient autant d’impact sur la vie quotidienne des gens : publicité gratuite.
Absurde ?
Le pouvoir de prescrire ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas.
Les petits commerces ferment mais pas les grandes surfaces, des parties entières de l’économie sont considérés comme non essentiel… La culture, un livre, sont considérés comme non essentiels… Et vous dans tout ça ?
« Quand on a demandé à Winston Churchill de couper dans le budget des arts pour l’effort de guerre, il aurait répondu : » Alors pourquoi nous battons-nous ? »
Cette jolie citation est historiquement un fake. Pour autant et malgré un contexte autrement plus inquiétant, les activités culturelles n’ont pas été interdites même durant le Blitz.
La vraie citation de Churchill est la suivante :
« Les arts sont essentiels à toute vie nationale complète » à la Royal Academy.
Absurde ?
Le ministre de l’intérieur Darmanin veut nous faire un remake médiatique de Sarkozy-le-nettoyeur-des-banlieues-au-karcher, vote une nouvelle loi sur la sécurité absolument liberticide qui interdirait de fait un citoyen ou un journaliste de filmer des exactions policières sans « floutage »… N’ayez crainte, c’est pour votre sécurité.
Le problème avec ce genre de mesure est que pour beaucoup de citoyens, la présence de la police qui agit en toute impunité sans rendre de compte à personne n’est plus du tout un facteur très rassurant.
In fine, le corps policier, (surtout ceux qui exercent leur travail correctement) se plaindra d’être plus craint que respecté. Et le corps médiatique et judiciaire, de ne plus pouvoir exercer leur métier librement : La situation serait moins absurde si pendant ce temps, Macron sort les grands discours sur la liberté de la presse à propos des caricatures…
Pourquoi tant d’absurdité ? Parce que les ministres de l’intérieur successifs se plient en 4 devant les syndicats de police qui confondent « monopole de la force » et « usage de la violence gratuite ».
Au passage, certains syndicats de Police qui cachent à peine leur proximité avec l’extrême droite, et aimeraient ne plus voir les nombreuses images pourtant bien réelles de policiers qui tabassent au sol des manifestants déjà neutralisés.
Absurde ?
Comme si ça ne suffisait pas, et si le gouvernement voulait mettre fin aux mobilisations étudiantes ? Certains l’accusent de se servir pour cela du projet de loi de programmation de la recherche (LPR) en discussion au Parlement malgré la crise sanitaire. Lors des discussions sur la loi de programmation de la recherche, La République en marche a glissé un article punissant jusqu’à 3 ans de prison l’occupation des campus universitaires.
Sécurité alimentaire
Plus grave encore, les annonces de sécurité alimentaire des pouvoirs locaux et nationaux complètement en contradiction avec la réalité de leurs actes.
De la commission européenne qui annonce une nouvelle PAC super écolo tout en continuant de subventionner la monoculture intensive, et en assurant la promotion des traités de libre échange qui font venir nos produits alimentaires des 4 coins du globe, forêts tropicales incluses…
Des néonicotinoïdes ré-intégrés pour toutes les cultures grâce à la pression des agro-industries sucrières de la betterave.
La poursuite de la destruction des terres agricoles et forestières en périphérie des villes et notamment à Bourg de Péage au Bois des Naix, alors que la ville s’était pourtant engagée à planter 10 000 arbres.