Tentaculaire Agglo

Le véritable gagnant des municipales sur notre territoire, c’est Nicolas Daragon (LR), élus dès le 1er tour à Valence avec 60% des bulletins (participation de 35%). Bien qu’en politique, les conflits sont souvent au sein d’un même camp, il pourra compter sur les victoires LR à Romans, Bourg et Portes lès Valence, Chatuzange, pour assurer sa ré-élection à la tête de l’agglomération Valence-Romans : un mastodonte en terme de services publics et d’investissements.

Dans cet article, petit rappel des pouvoirs de l’agglo, ses problématiques et ses enjeux.

Les services publics concernés :

1500 fonctionnaires :

Dans la culture : (médiathèques, conservatoire, école d’art) et le plus gros des subventions aux grosses structures (Smac, Lux, Train Théâtre, Cartoucherie…)

Le sport : piscines, patinoire, soutiens aux clubs (foot, Rugby…)

Le transport (bus, mobilités douces)

Les crèches et centres aérés.

L’habitat (aides énergétiques), PLU.

La gestion des déchets (ramassage et retraitement).

L’éclairage public

L’assainissement et l’eau

Les cantines.

A Romans et Bourg de Péage, l’élection des maires fait couler beaucoup d’encre, mais la réalité est que leurs services gèrent bien peu de compétences en comparatif : voirie et espaces verts, la police municipale, quelques subventions aux associations, les bâtiments des écoles, et l’état civil…

Une absorption de Romans par Valence ?

En certains domaines, l’agglo peut se révéler positive. Par exemple, les médiathèques ont mis en commun leurs stocks, on pourra bientôt réserver un livre se trouvant à Bourg les Valence et venir le chercher à Romans. Avoir un conservatoire de taille suffisante pour être labellisé et obtenir quelques financements de l’état, ou encore avoir un service de bus pensé à une échelle pertinente.

Mais l’objectif principal des grandes agglomérations est de mutualiser des services pour en réduire les coûts et envisager des investissements de plus grande envergure.

C’est bien là le problème : dans notre cas, la technostructure de l’agglomération co-existe avec celle des villes. Nous avons tous 2 couches d’élus avec chacun leur cabinet, leur service com’, leur RH, ses cadres…

Tous ? Non : si la ville de Valence a transféré un maximum de ses personnels à l’agglo pour diminuer ses coûts (y compris ses RH), Romans et les autres voient d’un très mauvais œil le transfert de ses personnels à l’agglo.

Et pour cause ! Certains services sont pilotés par des cadres et élus qui sont à la fois à la Ville de Valence et à l’agglo. Le bâtiment de l’agglo, initialement prévu à Rovaltain, a finalement été construit à Fontbarlettes (pas vraiment idéal pour le transport depuis le nord de l’agglo).

Conséquence, la crainte que la part des investissements de l’agglo par rapport au nombre d’habitants penche sérieusement à Valence. Et qu’en terme de mutualisation du personnel, le bassin nord n’en tire aucun avantage.

Un problème démocratique :

Le phénomène d’absorption par la ville « centre » est récurrent en France et ne pose en général pas de problème, car les habitants sont dans le même bassin de vie.

C’est tout le problème ici : autant la frontière entre Romans et Bourg de Péage est pastiche, autant bien peu de Romano-péageois « vivent » sur Valence, et inversement.

La demande est si faible qu’il n’y a même pas de navettes le soir pour aller flâner dans un centre, aller voir un concert ou un match.

Le système médiatique et politique organise l’information dans chaque bassin, l’usager voit dans son maire l’interlocuteur politique de proximité. Sauf que bien souvent, le maire, faute de pouvoir, renvoie les demandes sur l’agglomération. Si sympathique soit-il, pour le bassin nord de l’agglo, Nicolas Daragon est personnage assez lointain, élu indirectement.

Pourquoi une agglomération Valence Romans et pas Romans Bourg de Péage, ou encore nord Drôme ?

Lorsqu’il advint la création de cette grande agglo il y a 5 ans, il eût été judicieux d’élargir la communauté « Pays de Romans » (berge droite de l’Isère), avec Bourg de Péage (berge gauche).

C’était sans compter sur la ville de Bourg de Péage et Didier Guillaume (alors au conseil général), pour qui le péageois ne devait pas payer les dettes de Romans.

Si l’impôt à Romans et Bourg de Péage n’a jamais été d’un écart significatif, ce choix a aujourd’hui de lourdes conséquences politiques et économiques.

Des bruits de couloirs tournent, il est question de reformer une agglomération avec le nord du département (Arche Agglo). Trop tard, trop technique, diront certains.

Le débat territorial est pourtant indispensable. Quel est le territoire local pertinent pour quels services et quels élus ?

D’un coté, à l’échelle nationale, la souveraineté populaire dans des états-nations est remise en cause par l’UE et la mondialisation.

De l’autre coté, au plan local, le citoyen est perdu dans un millefeuille territorial où il ne voit plus très bien qui a le pouvoir sur quoi.

Cette perte de repères est sans doute une des raisons des taux de participation à 35%, en baisse constante.

Une pensée sur “Tentaculaire Agglo

  • 13 août 2020 à 9 h 15 min
    Permalink

    Merci beaucoup pour cet éclairage autour des prérogatives de l’agglo et des dessous complexifiés des inter relations BdP Romans. Fine analyse ! Claudie

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Répondre à Bonnardel Claudie Annuler la réponse

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