Prisons Vs Covid 19 : « on est au bord de l’explosion »

Que se passe-t-il dans les prisons ? Le personnel pénitentiaire alerte sur les risques de mutinerie dans la plupart de prisons de France. En cause, le risque d’épidémie, sur fond de surpopulation carcérale.

Selon le ministère, sur 42 000 agents pénitentiaires, 793 étaient vendredi en quatorzaine et 50 ont été testés positifs au Covid-19.

Si en Chine, l’univers carcéral est impénétrable, l’Italie a connu de fortes vagues de violences.

Rares sont les informations sortant des centres pénitentiaires. Le sujet intéresse assez peu les médias. J’ai pu aller faire des missions d’instruction pédagogique au centre de Valence. Celui-ci est de construction récente, c’est encore assez propre, malgré 406 détentions en arrêt pour 344 places au 1er janvier 2020.

Vous passez plusieurs SAS avant de vous retrouver dans les salles de cours. Plusieurs fois, j’ai pu me retrouver confiné dans une salle en attendant que passe une mutinerie ou simple bagarre, silence entrecoupé de hurlements résonnants à travers les murs, athmosphère tendue, impressionnante.

J’ai pu joindre des proches travaillant dans le secteur, dans les Hauts de France :

La situation est en effet critique. Pour protéger les détenus du Covid-19, les prisons ont dû supprimer les parloirs (un parloir ce n’est plus comme dans les film d’autrefois, avec des grilles de protection en plexiglass). Ca a créé d’énormes tensions, le risque de mutinerie atteint des sommets.

Des consignes ont été données pour placer en liberté surveillée un maximum de détenus pour désengorger les établissements, mais cela ne suffira probablement pas pour calmer le jeu.

De même dans les centres de rétentions administratives (CRA), où sont placés les migrants illégaux en attente d’expulsion, alors que la plupart des pays d’origine ont fermés totalement leurs frontières avec l’occident. Les migrants vont très probablement en sortir prochainement, s’évaporer dans la nature, avec les risques sanitaires liés à l’épidémie : partout des guichets santé fermés, urgences saturées, dépistage inexistant. Si pour un prisonnier il y a un suivi, une protection et surtout des proches, ce n’est pas leur cas, et le virus fait fi de la carte d’identité. (voir communiqué du défenseur des droits)

Les prisons en chiffre :

Pour mémo : les prisons françaises comptent plus de 70 000 détenus pour quelque 61 000 places opérationnelles, et la situation est encore plus préoccupante dans les maisons d’arrêt : on approche les 140 %, les prisonniers sont fréquemment trois dans une cellule de 9 m2

Image : Stéphane Marc, 2008

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