Le vrai bilan des caméras de surveillance

Lorsque le sujet de la vidéosurveillance revient sur le tapis localement, aussi bien les élus que les forces de l’ordre l’assurent régulièrement : les caméras sont d’une grande efficacité dans la lutte contre la délinquance. Passons le débat sur les libertés individuelles (utilisées à l’extrême, en Chine par exemple, les caméras peuvent aussi servir à un contrôle social et politique des individus). Passons le débat sur les coûts écologiques des installations. Intéressons nous au rapport coût/efficacité dans la lutte contre la délinquance.

Qu’en est-il réellement ? 15 ans après leur mise en place, l’heure du bilan.

La cour des comptes chiffre le coût d’installation d’une caméra en radio-diffusion entre 15000 et 30 000€, selon les emplacements et la technologie utilisée. A cela s’ajoute le centre de supervision, l’entretien, et la surveillance en elle-même.

Coté recette, la dissuasion devrait réduire les effractions… Et c’est le cas sur les parkings voiture, où les caméras ont prouvé leur efficacité (baisse du vol d’autoradio, vélos…). Pour le reste, on peut en douter : d’abord parce que Bourg de Péage n’est ni la Monnaie ni la Seine Saint Denis, la délinquance est si faible que la surveillance doit être d’un ennui mortel.

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Ensuite, parce qu’une caméra de surveillance n’a jamais empêché un délinquant de passer à l’acte. Au mieux, la caméra déplace le problème.

Un sociologue, Laurent Mucchielli, vient de publier une étude sur le sujet (« Vous êtes filmés ! Enquête sur le bluff de la vidéosurveillance », aux éditions Armand Colin). Pendant plusieurs mois, il a passé au crible trois communes de toute taille : l’une de 8.000 habitants, l’autre de 18.500 habitants et la troisième étant Marseille. Son bilan est rude : l’efficacité des caméras dans la résolution des enquêtes oscillerait entre 1 % et 4,50 %. Quant au coût pour les finances des différentes communes, il l’évalue à 67.000 € pour 24 caméras dans la plus petite (plus 3.000 € de frais de maintenance annuels) ou encore plus de 300.000 € par an pour la ville moyenne dotée de 22 caméras à la pointe de la technologie.

A Grenoble, les caméras ont été supprimées. A Marseille (et c’est aussi le cas à Romans), la principale utilité des caméras, c’est de mettre des PV de stationnement. Loin de diminuer les effectifs de police municipale, les caméras leur signalent la présence d’une voiture mal garée, les agents sont alors prévenus et affluent pour mettre la sanction.

Vendue pour réduire l’insécurité, la caméra sert en réalité à 2 autres buts :

  • Assurer la propagande des élus, « impliqués pour la sécurité de ses habitants », en amplifiant le sentiment d’insécurité.
  • Mettre des PV de stationnement.

L’art de prendre les gens pour des imbéciles !

Pendant ce temps, la sécurité des piétons, cyclistes, personnes à mobilité réduite est toute relative, parce que les trottoirs étroits et la voirie inadaptée laissent trop de place à la voiture.

2 pensées sur “Le vrai bilan des caméras de surveillance

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